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Carte blanche sur les années noires
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12 janvier 2013

LIRE & RELIRE N°1

Livre Histoire

Inaugurons cette rubrique bibliographique avec un excellent livre, osant revisiter « l’histoire officielle » de la Résistance française, telle que l’ont façonnée la collusion gaullo-communiste de la Libération, la presse de l’époque et le cinéma des Trente Glorieuses.

L’auteur, Pierre Laborie, directeur d’études à l’EHESS, excelle à manier le doute méthodique qu’exige l’introspection historiographique.

Il restitue la genèse d’une vulgate fort accommodante, éprise de « bien-pensance » et de connivences. Il dissèque les surenchères commémoratives qui ouvriront plus tard la voie au sentencieux « devoir de mémoire ». Il explore les contradictions, les glissements, les corrosions du culte voué à la Résistance, si poreux à l’insaisissable « air du temps ».

Le style universitaire, quelque peu trop académique, freine parfois l’appétit de dévorer les chapitres. La démonstration n’en est pas moins progressive, méthodique, éclairante. À elles seules, les notes en fin de chapitre appellent une lecture approfondie.

Mieux qu’une étude parmi d’autres, un ouvrage de référence promis pour longtemps à faire autorité. Une véritable bible sur l’obsession mémorialiste !

Pour les passionnés d’Histoire, épris de sens critique, rétifs au politiquement correct…

 

P

LABORIE (Pierre) — Le Chagrin et le Venin – La France sous l’Occupation, mémoire et idées reçues (Paris, éditions Bayard, 2011, 14,5 sur 19 cm, 356 pages, 21 €)

 

4e PAGE DE COUVERTURE —

L’actualité rappelle en permanence la place particulière, parfois oppressante, que les années noires occupent dans la mémoire nationale. Un discours convenu, durablement installé depuis le film Le chagrin et la pitié, affirme ce que le pays aurait longtemps refusé de reconnaître : dans leur grande majorité, les Français ont été occupés à durer, repliés dans un attentisme marqué par l’opportunisme, par des arrangements consentants, ou plus, par une indifférence coupable aux minorités persécutées.

Que transmet et signifie ce prêt-à-penser ? Pierre Laborie s’attache à en faire la généalogie, retraçant et questionnant le contexte de son émergence dans les années 1970, les facteurs qui ont contribué à le rendre dominant, le processus surtout qui a fini par l’imposer comme une évidence. (…)

 

EXTRAIT — 

Les usages politiques de la Résistance ont constitué longtemps des pratiques banales, généralisées et méthodiques. Elles le sont encore aujourd’hui, à un degré moindre, mais toujours avec la même tendance à tordre les faits pour les ajuster aux intentions affirmées. Si jusqu’aux années 1970 aucune organisation ne s’est privée d’exploiter la rentabilité du gisement, si les gaullistes n’ont pas été en reste sur ce terrain, il est indéniable que le parti communiste apparaît comme le champion toutes catégories en la matière. Sans lésiner sur les moyens, en s’appuyant sur leur action déterminée dans la clandestinité, sur la violence de la répression à leur égard, et sur le lourd sacrifice de leurs militants, étrangers et français, les communistes se sont employés à faire confondre leur histoire avec celle de la Résistance intérieure, jusqu’à vouloir identifier l’une à l’autre. Entre autres visées, l’opération consistait à faire oublier la période 1939-1941 pendant laquelle l’appareil du parti communiste français avait soutenu aveuglément la politique extérieure de l’URSS, dans le prolongement et l’approbation du pacte germano-soviétique. 

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