Bourges, capitale éponyme de notre blog Carte blanche sur les années noires ? L’idée coule de source depuis que le chef-lieu du Cher a accueilli, samedi 22 mars, un colloque historique inédit, — un « vrai nouveau colloque » comme l’explique la brochure de présentation —, au titre évocateur : « Un nouveau regard sur la Libération, avec l’ouverture des archives ». Initiative spontanée d'un collectif d'historiens du Berry et d'ailleurs...

Réunir des chercheurs amateurs autour d’un professeur d’université référent, — en l’occurrence le professeur Jean-Marc Berlière —, explorer les pistes que certains d’entre eux ont défrichées en solitaire, parfois en lisière de drames familiaux, promouvoir la recherche sur fonds d’archives auprès des non-initiés : cette rencontre d’un jour promet, à n’en point douter, de belles perspectives pour les amoureux d’histoires œuvrant à poursuivre l’écriture de l’Histoire.

« Osez être des révisionnistes », exhorta Jean-Marc Berlière, au sens noble du terme, pour sortir l’Histoire de ses petites chapelles consacrées, pour s’affranchir des chiens de garde de la pensée unique, pour se détacher d’une vulgate compassée qui a trop longtemps fait injure à la vérité… et au doute méthodique dont l’historien, amateur ou émérite, ne doit jamais se départir.

Tout un programme. Il commence à Bourges. Une croisade authentiquement berrichonne…

Retrouver ICI le programme de ce colloque — Colloque_Bourges_22III2014_

L’affaire Paoli : archétype d’un dossier qui autorise un nouveau regard avec l’ouverture des archives…

et bientôt un long métrage en cours de production.

Source : Le Berry républicain — 25 III 2014

Pour organiser une conférence autour de ce livre, contactez l’auteur : 

http://nostaljg.hautetfort.com/archive/2011/08/07/pierre-paoli-agent-de-la-gestapo-3.html

Au côté de Clio, savourons le moment de renouer avec le Salon du Livre de Paris.

Je vous y attends samedi 23 mars, à 14H30, sur le stand du Lions Clubs International — stand V55 — où je dédicacerai mon roman Trompe-la-mort. (éditions Qui Lit Vit)

Pourquoi ce stand ? Parce que mon premier roman vient de recevoir le Prix Lions de Littérature de la part du district Est du Lions Clubs…

Cf. lien ad hoc — http://www.editionsquilitvit.com/catalogue/trompe-la-mort-de-jacques-gimard/

Pour organiser une conférence autour de ce livre, contactez l’auteur : 

http://nostaljg.hautetfort.com/mes_conferences/

Le marché éditorial ose enfin porter un nouveau regard sur les « années noires ». Tout à son avantage d’ailleurs : les livres consacrés à la seconde guerre mondiale se vendent bien, — et même de mieux en mieux —, sans laisser pour autant l’histoire bégayer. Tout simplement parce que des chercheurs chevronnés revisitent, archives à l’appui, la vulgate des grands mythes consensuels qui firent jusqu’alors office d’histoire officielle.

En dehors de l’insaisissable cohorte des Français « attentistes » — de raison ou de résignation —, jaillit sous la plume de ces historiens iconoclastes une frontière pas si étanche entre Résistance et Collaboration, entre héros consacrés et salauds patentés, entre panache et lâcheté… Comme s’il fallut attendre notre XXI^e siècle décomplexé pour que l’historiographie s’aventure à fouiller dans le « misérable petit tas de secrets » qui sommeille en chaque résistant  et chaque collabo.

Alors se révèle à nous une histoire plus humaine, plus troublante, plus émouvante aussi, à mille lieues de la dictature émolliente du sempiternel « devoir de mémoire » qui simplifie tout à outrance pour les besoins rituels d’une contrition nationale si apaisante…

Oubliés les dogmes, évaporée la naphtaline résistancialiste,  bousculée la bien-pensance ! Ces  livres renouent enfin avec une saine conception de l’histoire, celle du « doute méthodique ». Une approche que ce blog entend privilégier, comme autant de « cartes blanches sur les années noires ».

Depuis quelques mois, chez les libraires, convergent de remarquables ouvrages qui se complètent et se répondent. Alors ne boudons pas notre plaisir. Et commençons sans attendre les présentations…

Cf. lien video ad hoc — http://www.wat.tv/video/historiquement-show-126-5vwgf_2fqwb_.html

Cf. une critique exhaustive... fort pertinente du livre Liaisons dangereuses — http://clio-cr.clionautes.org/spip.php?article4452#.UUeLBo5cgmV

Comme ce blog est aussi, à sa façon, un « cabinet de curiosités » œuvrant à restituer l’ambiance des années noires, savourons ce petit recueil de chants à la gloire de la France victorieuse. En avant-propos, l’auteur (anonyme) nous propose justement de « retrouver l’état d’esprit des Français pendant les années terribles de 1939 à 1944 ».

Sa bonne humeur, un rien « franchouillarde »,  cultive le mythe de la puissance incantatrice de notre hymne national en vue de bâtir la « France nouvelle ». Comme quoi l’enthousiasme d’alors laissait la porte ouverte aux rêves…

EXTRAIT —

"Ce petit livre est un résumé, un comprimé des chansons de notre époque tourmentée. Plus tard, quand nos descendants qui, espérons-le, auront retrouvé le calme de la paix, voudront se documenter sur l’état d’esprit des Français pendant les années terribles de 1939 à 1944, ils n’auront qu’à feuilleter ce recueil. Et les chansons défileront devant eux, fières comme des soldats vainqueurs ! (…)

Pour mieux nous mettre dans l’ambiance de ce Paris libéré où le kaki a heureusement remplacé le vert-de-gris, cet album contient une rétrospective des airs américains les plus célères, avec leurs paroles anglaises et l’adaptation française de ces paroles. Au moment où chacun de nous essaie de converser avec nos alliés, nous avons pensé que la chanson était un moyen de familiariser nos lecteurs avec la langue anglaise. Apprendre en musique, n’est-ce pas là une méthode originale… et bien agréable ?

C’est en chantant la Marseillaise, que le général de Gaulle, « le Grand Charles », nous a sauvés, comme pour nous prouver qu’une chanson où frémit l’âme d’un peuple est, pour ce peuple, un réconfort,  un tonique, un stimulant qui peut conduire à la victoire. La France nouvelle, nous la ferons comme ces bons ouvriers d’autrefois qui chantaient en travaillant, parce qu’ils aimaient leur travail et qu’ils le faisaient avec goût, avec courage, avec fierté. Ce n’est pas pour rien que nous descendons des Gaulois, qui avaient choisi pour emblème le Coq, l’oiseau dont le chant fait reculer les ténèbres et salue la lumière du jour !"

Source : La France nouvelle — Chansons de la Résistance, de la Libération, de la Victoire (Paris, Éditions Salabert, 1945, 112 pages, 10,5 sur 13,5 cm)

Inaugurons cette rubrique bibliographique avec un excellent livre, osant revisiter « l’histoire officielle » de la Résistance française, telle que l’ont façonnée la collusion gaullo-communiste de la Libération, la presse de l’époque et le cinéma des Trente Glorieuses.

L’auteur, Pierre Laborie, directeur d’études à l’EHESS, excelle à manier le doute méthodique qu’exige l’introspection historiographique.

Il restitue la genèse d’une vulgate fort accommodante, éprise de « bien-pensance » et de connivences. Il dissèque les surenchères commémoratives qui ouvriront plus tard la voie au sentencieux « devoir de mémoire ». Il explore les contradictions, les glissements, les corrosions du culte voué à la Résistance, si poreux à l’insaisissable « air du temps ».

Le style universitaire, quelque peu trop académique, freine parfois l’appétit de dévorer les chapitres. La démonstration n’en est pas moins progressive, méthodique, éclairante. À elles seules, les notes en fin de chapitre appellent une lecture approfondie.

Mieux qu’une étude parmi d’autres, un ouvrage de référence promis pour longtemps à faire autorité. Une véritable bible sur l’obsession mémorialiste !

Pour les passionnés d’Histoire, épris de sens critique, rétifs au politiquement correct…

LABORIE (Pierre) — Le Chagrin et le Venin – La France sous l’Occupation, mémoire et idées reçues (Paris, éditions Bayard, 2011, 14,5 sur 19 cm, 356 pages, 21 €)

4^e PAGE DE COUVERTURE —

L’actualité rappelle en permanence la place particulière, parfois oppressante, que les années noires occupent dans la mémoire nationale. Un discours convenu, durablement installé depuis le film Le chagrin et la pitié, affirme ce que le pays aurait longtemps refusé de reconnaître : dans leur grande majorité, les Français ont été occupés à durer, repliés dans un attentisme marqué par l’opportunisme, par des arrangements consentants, ou plus, par une indifférence coupable aux minorités persécutées.

Que transmet et signifie ce prêt-à-penser ? Pierre Laborie s’attache à en faire la généalogie, retraçant et questionnant le contexte de son émergence dans les années 1970, les facteurs qui ont contribué à le rendre dominant, le processus surtout qui a fini par l’imposer comme une évidence. (…)

EXTRAIT — 

Les usages politiques de la Résistance ont constitué longtemps des pratiques banales, généralisées et méthodiques. Elles le sont encore aujourd’hui, à un degré moindre, mais toujours avec la même tendance à tordre les faits pour les ajuster aux intentions affirmées. Si jusqu’aux années 1970 aucune organisation ne s’est privée d’exploiter la rentabilité du gisement, si les gaullistes n’ont pas été en reste sur ce terrain, il est indéniable que le parti communiste apparaît comme le champion toutes catégories en la matière. Sans lésiner sur les moyens, en s’appuyant sur leur action déterminée dans la clandestinité, sur la violence de la répression à leur égard, et sur le lourd sacrifice de leurs militants, étrangers et français, les communistes se sont employés à faire confondre leur histoire avec celle de la Résistance intérieure, jusqu’à vouloir identifier l’une à l’autre. Entre autres visées, l’opération consistait à faire oublier la période 1939-1941 pendant laquelle l’appareil du parti communiste français avait soutenu aveuglément la politique extérieure de l’URSS, dans le prolongement et l’approbation du pacte germano-soviétique. 

Entre histoire et mémoire, entre investigations et commémorations, entre explorateurs et gardiens du Temple, Clio ne sait plus où donner de la tête… Jusqu’à se perdre parfois dans le labyrinthe des controverses historiques.

Dernier exemple en date, — octobre 2012 —, cet appel Halte à la censure co-signé par deux auteurs berrichons… dont le dossier de presse fut boudé par les journalistes locaux.

L’indifférence est un droit, la persévérance aussi.

Laissons alors nos lecteurs se faire leur propre opinion sur la liberté d’écrire.

Cf. dosser de presse ad hoc ci-dessous.

Le débat sera toujours ouvert, sur ce blog comme ailleurs…

DossierPresse_p1

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Pour des raisons purement circonstancielles, liées au parcours éditorial de l’auteur de ce blog, CARTE BLANCHE sur les ANNÉES NOIRES se nourrit de faits, récits et chroniques concernant le centre de la France, notamment le Berry.

Libre à vous d’en étendre la portée géographique en apportant, au gré des thèmes abordés, les contributions de vos régions respectives.

En dehors des sites institutionnels ou universitaires, la période de la seconde guerre mondiale, — notamment les années noires —, est assez peu explorée sur la blogosphère.

Raison de plus pour alimenter notre blog au fil de vos questions, témoignages et recherches. Puisque vous avez CARTE BLANCHE sur les ANNÉES NOIRES !

CARTE BLANCHE sur les ANNÉES NOIRES

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